Depuis l’entrée en vigueur de la loi PACTE en octobre 2019, le plan épargne retraite s’est imposé comme l’outil privilégié pour préparer sereinement ses vieux jours tout en bénéficiant d’avantages fiscaux significatifs. Ce dispositif moderne, accessible à tous les Français dès dix-huit ans, remplace progressivement les anciens produits tels que le PERP, le contrat Madelin ou encore le PERCO. Face aux différentes formules proposées, individuelle ou collective, nombreux sont les épargnants qui s’interrogent sur le choix le plus adapté à leur situation personnelle et professionnelle.
Le plan d’épargne retraite individuel : fonctionnement et avantages
Les caractéristiques du PER individuel
Le plan épargne retraite individuel constitue une solution d’épargne ouverte à toute personne majeure, indépendamment de son statut professionnel. Contrairement aux dispositifs collectifs rattachés à l’entreprise, ce produit s’adresse aussi bien aux salariés qu’aux travailleurs non salariés et aux indépendants. Son fonctionnement repose exclusivement sur des versements volontaires effectués par l’épargnant selon ses capacités et ses objectifs patrimoniaux. Cette structure permet une grande liberté dans la constitution progressive du capital retraite.
L’architecture du PER individuel s’organise autour de trois compartiments distincts qui correspondent aux différentes sources d’alimentation possibles. Le premier compartiment accueille les versements volontaires personnels, le deuxième est destiné à recevoir l’épargne salariale provenant de la participation ou de l’intéressement, tandis que le troisième concerne les cotisations obligatoires. Cette organisation permet notamment de transférer l’épargne constituée sur d’anciens plans vers ce nouveau dispositif unifié, en conservant l’appartenance au compartiment d’origine.
La gestion des sommes versées s’effectue par défaut selon le principe de la gestion pilotée, qui adapte automatiquement le niveau de risque des investissements en fonction de l’âge de l’épargnant et de son horizon de départ à la retraite. Les supports d’investissement disponibles sur le PERIN offrent une diversité remarquable, incluant les SICAV, les FCP, les ETF, les actions directes, les SCPI ou encore les fonds d’actions non cotées. Cette palette étendue permet de construire une allocation personnalisée selon son profil de risque et ses convictions d’investissement.
Les bénéfices fiscaux et la souplesse de gestion
L’un des atouts majeurs du PER individuel réside dans sa fiscalité avantageuse à l’entrée. Les versements volontaires bénéficient d’une déductibilité du revenu imposable, permettant ainsi de réduire concrètement l’impôt à payer chaque année. Pour l’année 2025, le plafond de déduction s’établit au plus élevé des deux montants suivants : soit dix pour cent des revenus professionnels de 2024, nets de cotisations sociales et de frais professionnels, avec une déduction maximale de 35 194 euros, soit 4 637 euros si ce montant est plus favorable.
Pour les indépendants et les travailleurs non salariés, les plafonds sont encore plus généreux. Ils peuvent déduire jusqu’à dix pour cent de leurs bénéfices imposables dans la limite de 351 936 euros, auxquels s’ajoutent quinze pour cent du bénéfice imposable compris entre 43 992 euros et 351 936 euros. Cette optimisation fiscale représente un levier puissant pour diminuer la pression fiscale tout en se constituant un complément de revenus pour la retraite.
La récupération de l’épargne intervient normalement à l’âge de la retraite, sous forme de capital, de rente viagère, ou d’une combinaison des deux formules selon les préférences du titulaire. Toutefois, le législateur a prévu des cas de déblocage anticipé dans des situations exceptionnelles. L’épargne peut ainsi être libérée en cas d’acquisition de la résidence principale, d’invalidité grave concernant le titulaire, son conjoint ou l’un de ses enfants, de décès du conjoint ou du partenaire de PACS, d’épuisement des droits au chômage, de situation de surendettement validée par la commission compétente, ou encore de cessation d’activité suite à une liquidation judiciaire pour les indépendants.
En matière de transmission, le PER individuel présente des caractéristiques intéressantes. En cas de décès, les sommes épargnées sont versées aux héritiers ou aux bénéficiaires désignés dans la clause bénéficiaire. Les contrats assurantiels offrent même un avantage successoral notable, avec une exemption de droits de succession jusqu’à 152 500 euros par bénéficiaire si le souscripteur décède avant l’âge de soixante-dix ans. Au-delà de cet âge, seuls les versements effectués après soixante-dix ans sont soumis aux droits de succession, après un abattement de 30 500 euros applicable globalement à l’ensemble des bénéficiaires.
Le plan d’épargne retraite collectif : spécificités et atouts

Les modalités du PER collectif en entreprise
Le PERCOL se distingue fondamentalement du PERIN par son cadre d’application. Il s’agit d’un produit d’épargne d’entreprise mis en place par l’employeur au bénéfice de ses salariés. Contrairement au PER obligatoire qui impose l’adhésion des salariés concernés et succède aux anciens contrats article 83, le PER collectif repose sur une adhésion facultative. Chaque salarié conserve ainsi la liberté de rejoindre ou non le dispositif proposé par son entreprise.
L’alimentation du PERCOL présente une spécificité majeure puisqu’elle combine plusieurs sources de financement. Le salarié peut effectuer des versements volontaires personnels selon ses capacités d’épargne, mais il bénéficie également des sommes issues de l’épargne salariale, notamment la participation aux bénéfices et l’intéressement. Ces flux provenant de l’épargne salariale jouissent d’une exonération d’impôt sur le revenu, ce qui constitue un avantage fiscal immédiat non négligeable par rapport aux versements classiques.
La gestion financière du PER collectif s’avère cependant plus contrainte que celle du PERIN. La liste des actifs éligibles se révèle plus restreinte, principalement limitée aux SICAV et aux FCPE, ces fonds communs de placement d’entreprise spécialement conçus pour l’épargne salariale. Cette limitation restreint les possibilités d’arbitrage et de diversification comparativement à la palette étendue offerte par le PER individuel. Cette différence s’explique par le cadre réglementaire spécifique de l’épargne d’entreprise et par la volonté de proposer des supports collectifs adaptés à un grand nombre de salariés.
La portabilité constitue un aspect important à considérer. Si un transfert du PERCOL vers un PERIN est possible, il ne peut intervenir qu’une fois tous les trois ans, ce qui limite la flexibilité de l’épargnant. En revanche, lorsqu’un salarié quitte son entreprise, il peut choisir de conserver son PERCOL ou de le transférer vers un PER individuel pour reprendre pleinement le contrôle de ses investissements. Les frais de transfert restent encadrés : ils sont plafonnés à un pour cent de la valeur transférée pendant les cinq premières années de détention, puis deviennent gratuits au-delà de cette période.
Les avantages liés aux versements employeur
L’un des atouts les plus significatifs du PER collectif réside dans la possibilité de bénéficier d’un abondement de l’employeur. Ce mécanisme permet à l’entreprise de compléter les versements effectués par le salarié, constituant ainsi un levier d’épargne particulièrement puissant. L’abondement employeur ne peut toutefois pas dépasser trois fois le montant versé par le salarié, ni excéder un plafond annuel fixé à 7 536 euros. Cette contribution patronale représente un avantage financier direct qui vient bonifier significativement l’effort d’épargne personnel.
Pour le salarié, cet abondement constitue une rémunération complémentaire défiscalisée qui accroît mécaniquement le rendement de son épargne retraite. Imaginons un salarié qui verse 1 000 euros sur son PERCOL : si son employeur abonde à hauteur de cent pour cent, soit 1 000 euros supplémentaires, le capital constitué double instantanément sans effort supplémentaire. Cette générosité patronale explique pourquoi le PER collectif peut s’avérer particulièrement attractif pour les salariés dont l’entreprise propose un abondement conséquent.
La fiscalité des versements sur le PERCOL diffère selon leur origine. Les sommes issues de l’épargne salariale versées sur le plan collectif échappent à l’impôt sur le revenu, contrairement aux versements volontaires individuels qui, eux, peuvent être déduits du revenu imposable selon les mêmes règles que le PERIN. Cette distinction fiscale invite à une réflexion stratégique sur l’allocation optimale de ses flux d’épargne entre les différents compartiments et entre les supports individuels et collectifs.
Le choix entre PER individuel et PER collectif ne se pose véritablement que lorsque l’entreprise propose effectivement un dispositif collectif. Pour les travailleurs indépendants, les professions libérales ou les salariés dont l’employeur n’a pas mis en place de PERCOL, le PERIN demeure la seule option accessible. En revanche, pour les salariés bénéficiant d’un plan collectif avec abondement, la stratégie optimale consiste souvent à profiter pleinement de cette contribution patronale avant d’envisager des versements complémentaires sur un PER individuel. Cette approche permet de maximiser l’effet de levier financier tout en conservant la liberté de diversifier ses placements retraite sur un support offrant davantage de souplesse de gestion et une palette d’investissement plus étendue. La complémentarité entre ces deux formes de plan d’épargne retraite offre ainsi aux épargnants avisés la possibilité de construire une stratégie patrimoniale équilibrée, combinant les avantages fiscaux, la contribution employeur et la liberté de gestion selon leur situation personnelle et leurs objectifs de long terme.







